Les jeeps de l’ignominie au pays des extrêmes
La RDC est un scandale géologique, un pays potentiellement riche. Bon, le potentiel et le réel n’ont que la terminaison comme point commun. Dans ce vaste territoire d’Afrique centrale qui me sert de pays, les riches sont richement riches et les pauvres richement pauvres. Ce fossé entre les deux couches empêche l’émergence d’une vraie classe moyenne. La majorité de la population vit sous le seuil de la pauvreté avec moins de 2USD le jour alors que 500 personnes bénéficieront très bientôt des jeeps de plus de 30.000USD la pièce. Ma nouvelle confidence de Kin est prête.
La RDC compte parmi les pays les plus pauvres du monde. Alors que son sol renferme de minerais du présent et du futur, la population baigne dans une précarité sans pareil. Si théoriquement la RDC possède la deuxième réserve mondiale d’eau douce et une de plus grandes potentialités en hydro-électricité, Kinshasa, sa capitale, manque de tout, y compris d’eau potable et d’électricité.
61 ans après l’indépendance, l’hymne national demeure éternellement au futur. Les Congolais attendent toujours de se lever et de « bâtir un pays plus beau qu’avant ». En janvier 2019, la première alternance vécue à la tête du pays a suscité de l’espoir, Joseph Kabila étant présenté comme la source de tous les malheurs depuis 18 ans. Seulement, 30 mois après, rien ne semble s’améliorer. Félix Tshisekedi, malgré sa bonne volonté et sa montagne de promesses, n’y arrive pas. Le pays est au bord du gouffre.
Dans cet océan de malheur, Jean-Marc Kabund a récemment a appelé à la réduction du train de vie des institutions. Seulement, l’appel du premier vice-président de l’Assemblée nationale semble être déphasé à la vision de son chef qui a annoncé le « don » des jeeps aux députés nationaux. Au total, ce sont 500 véhicules de marque Hyundai d’une valeur de près de 30.000$ l’unité que s’apprêtent à recevoir les 500 représentants du peuple. Après tout, si on ne peut pas appliquer « Le peule d’abord » à 80 millions d’individus, on peut se contenter à leurs 500 représentants.
Dans l’opinion, les 15 millions de dollars dépensés suscitent des interrogations. Si certains députés ont tenté de mettre en avant un financement échelonné par chacun, le président de l’Assemblée nationale, cité par Jeune Afrique, parle sans ambages, d’un cadeau du Chef de l’Etat. Pour l’ODEP, il s’agit là «d’une corruption à ciel ouvert». L’observatoir exige de l’IGF une enquête sérieuse pour déterminer l’origine des fonds utilisés.
Sur Twitter, les commentaires vont dans tous les sens. «500 jeeps pour les élus, la toile s’emballe. Bon certains pensaient en fait que le renversement de la majorité était gratuit! Mais enfin! Ça c’est rien! Le prix le plus important pour ce genre d’opération c’est la subordination du mandat du PR05 aux caprices des politiciens égoïstes», pense Germain Kambinga. L’avocat Jean-Claude Katende s’interroge lui en ces termes: «Pourquoi le Président Tshisekedi donne des jeeps aux députés nationaux? D’où vient l’argent qui a acheté ces jeeps? C’était prévu dans quel budget? Cet argent ne pouvait pas être affecté aux problèmes du peuple? L’IGF devrait enquêter sur l’origine de cet argent».
Rarement les Congolais ont été unanimes sur un sujet. Preuve que ces «jeeps de la honte» jettent un discrédit sur la nation quand on sait que le pays a été incapable de supporter la connexion Internet de l’OVG en vue d’assurer une bonne surveillance du volcan. Même après l’éruption, il fallait encore attendre de l’aide. Comment un pays peut manquer 100.000USD pour une cause humanitaire et dépenser en parallèle une dizaine de millions pour de véhicules aux «représentants du peuple»? SI vous estimez avoir compris la RDC, c’est qu’on vous l’a mal présentée.
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