Bienvenue à Kinshasa, capitale mondiale de l’ultracrepidarianisme

C’est un rêve de gosse qui se réalise. Depuis que j’ai appris l’existence de Mondoblog par le biais de l’Atelier des Médias sur RFI, je me suis fixé l’objectif de rejoindre la communauté. Plus de 5 ans plus tard, c’est fait. Comme qui dirait: «rien n’est impossible à celui qui est motivé». Fini les émotions, passons aux choses sérieuses, ma première confidence de Kinshasa, la capitale mondiale de l’ultracrepidarianisme.

Ultracrepidarianisme, ça vous dit quelque chose ? Pas sûr ! Alors faisons un détour vers le dictionnaire avant de continuer. Ces 20 lettres désignent le comportement qui consiste à donner son avis sur des sujets sur lesquels on ne dispose d’aucune compétence, voire aucune information. Voilà, les bases sont posées, l’ultracrepidarianisme n’est plus un OVNI venu droit de Mars.

Connaissez-vous Kinshasa ? C’est cette ville de près de 15 millions d’habitants, faisant office de capitale de la RDC, que je me propose de vous faire découvrir à travers mon blog. Elle est simplement la plus grande ville de la Francophonie mais aussi et surtout une mégapole éclectique. D’ailleurs, elle est la seule des 26 provinces de la RDC à ne pas être dirigée par un autochtone. Notre cher gouverneur vient du Maï Ndombe voisin. A Kin, nous respirons l’hospitalité. Je suis presque convaincu que cette vertu nous est propre.

Sauf que dans ce lot des qualités, Kinshasa draine une certaine batterie de vices dont justement l’ultracrepidarianisme. A Kin, tout le monde est expert en tout. Récemment, j’ai vu un cambiste faire la morale à un ingénieur BTP sur une prétendue fausse équerre d’un mur de soutènement. Vous pensez avoir tout entendu ? Que nenni !

Avec la pandémie de coronavirus qui colonise le monde, Kinshasa n’est nullement épargnée. La ville compte, au 22 mai, 1 879 cas recensés. Seulement, personne ne veut acquiescer ces chiffres. À Kin, on soupçonne une «Coop» (comprenez Business) derrière la pandémie. Après tout, notre Muyembe national n’est pas le seul expert dans la ville. Chaque kinois a des gênes de virologue en lui.

Un kinois peut être virologue hier, devenir constitutionnaliste demain, expert-comptable le mois prochain et puis pasteur l’année d’après. Oui, vous l’avez entendu, à Kinshasa, les « métiers de l’Église » sont les plus tendances. Ils n’exigent ni diplôme, ni compétence. Il suffit d’avoir une Bible et une bonne verve oratoire et lorsqu’on ajoute à cette mixture un bon goût vestimentaire, le tour est joué. Que demander de plus pour un ultracrepidarianiste ? Il peut ainsi facilement donner son avis sur le sexe des anges ou encore sur la localisation du jardin d’Eden, lui qui n’a maîtrisé ni la composition chromosomique, moins encore les points cardinaux durant son cursus pas toujours achevé, voilà l’ultracrepidarianisme spirituel. Dans ma ville, les ultracrepidarianistes sont politiques, constitutionnels, sanitaires et j’en passe.

Alors vous voilà prévenus. Quand vous serez à Kinshasa, attendez-vous à ce que des personnes n’ayant pas votre niveau dans votre domaine de prédilection vous contestent vos compétences. Nous sommes ultracrepidarianistes et fiers de l’être.

A très bientôt pour une autre facette de Kin !