En RDC, le téléprompteur de la discorde

Lundi 13 décembre, le président Félix-Antoine Tshisekedi aka « Fatshi Béton », notre Président, celui de la RDC et, pour 1 mois encore, celui de l’Union africaine, a prononcé son discours sur l’état de la Nation devant près de 600 parlementaires, réunis en Congrès. Ce grand oral ne donne, aux termes de l’article 77 de la Constitution, lieu à aucun débat. Cependant, tout le monde est libre de commenter à sa guise.

Durant 80 minutes, le « béton national », celui qui fut jadis le « béton personnel » de Maman Denise Nyakeru, a brossé l’actualité nationale, jonglant magistralement, tel Kylian Mbappe au Parc des Princes, le bilan des maigres réalisations et les perspectives radieuses à coup de nouvelles promesses, comme il sait si bien le faire, et non sans se plaindre de l’action gouvernementale. De quoi pousser l’activiste Carbone Beni à parler d’un « Président plaintif ».

De la sécurité à l’environnement, rien n’a échappé au « béton national » , sauf bien sûr le RAM (Registre d’appareils mobiles) et les poissons dont certaines rames seraient déjà à Matadi. D’autres traineraient encore dans les eaux namibiennes. Dans ce discours, le Président a bien ramé pour tenter de justifier la présence de l’Armée ougandaise sur nos terres. Le discours du premier d’entre nous, c’est 80 minutes et seulement une seule grande satisfaction : l’IGF. Ce service qui lui est rattaché aurait réalisé des prouesses. Je préfère le conditionnel puisque les retombées ne sont pas encore visibles dans le vécu d’une population qui peine à nouer les deux bouts du mois et manque de tout (Ce sont les mots du Président).

Grosse surprise de ce grand oral, la star n’était ni un extrait de l’allocution, encore moins un humain présent dans la salle. Un appareil a volé la vedette à tout le monde, y compris au président de la République. Ce dernier, sous un air détendu, a fait du « Obama » dans une salle où les « Fatshi Béton » rivalisaient d’ardeur avec la difficile observance des mesures barrières. Sur les réseaux sociaux, personne alors personne ne s’attardait sur le fond, c’est la forme du discours qui intéressait. Notre Béton, déjà fin orateur dans sa nature, avait franchi un nouveau palier. Il parlait sans notes et apparaissait dans son élément et maîtrisant son sujet.

Seulement, cette prouesse n’aura pas été rendu possible sans une plaque transparente placée devant lui et qui reflétait le texte projeté par un écran suspendu. Ça s’appelle le téléprompteur présidentiel, un gadget qu’Obama appréciait particulièrement et a popularisé. Alors qu’on attend toujours un débat de fond sur les sujets abordés lors de ce discours sur l’état de la Nation, il faudrait encore patienter jusqu’à la fin du buzz autour du téléprompteur, entre les Fatshistes et les Kabilistes, avec les Katumbistes en rôle d’arbitre. Si le premier groupe revendique le mérite pour leur protégé d’être le chef d’Etat précurseur de cet appareil en Afrique (qui coûte d’ailleurs moins de 3.000 euros), le second rappelle le Sommet de la Francophonie, photo à l’appui. C’est aussi ça la démocratie RD-congolaise à l’ère de la démocratisation de la parole.